• La Licorne – poème venu d’une blancheur médiévale

    I

    Licorne est dormeuse
    et pucelle
    et son antre
    s’éveille doucement à l’appel des tourmentes.

    Était-ce elle, si belle, en ces couches nocturnes,
    pudique et réfléchie dans les eaux du sommeil?

    Délicats, ses naseaux caressaient les fenêtres
    avec de l’oeil de lune dans des rameaux d’argent
    et le jardin poussait ses tiges les plus crues
    et elle ouvrait son oeil de douce agnelle d’ambre
    sur un buisson de rose alerté par les treilles.

    La nuit porte sa candeur jusqu’aux naissances des feuilles
    dans la douceur des bruits d’abeilles et le vin vivant qu’elle effleure.

    Licorne, mordeuse profonde,
    tu mastiques dans l’ivoire,
    lisse et tournante dans l’espace -
    et le temps plane sur ta peau,
    presseuse immense du troupeau.

    II

    Toi qui me gardes et me regardes
    et dont l’amour est un coursier,
    toi qui sommeilles, délicieuse,
    au bord des sources délaissées:
    n’es-tu pas celle qui rêvait
    dans les anciennes mélopées
    et dont la corne était creusée d’un sillon d’or?

    L’Histoire a bousculé ta beauté sur les grèves.
    Tu galopes en Elle sans effort.
    D’un coup d’aile.
    Et tout dort.

    Elle dormait debout,
    tranquille,
    sur la table où j’écris,
    immense et blanche.

    III

    Tout vibre d’un vin doux, c’est coulée de délice.

    Tu traverses, allaitante, l’aube lisse des landes.

    Qui donc vendra ton veau au marché des levantes?
    Il croîtra d’amour chaud hors du four de ton ventre.

    Mêle délices et roses, reine des émouvantes,
    et garde-moi, discrète, en ta veine dormante,
    Licorne de France au sourire de crique -
    ton beau sabot doré fend les eaux pures du val
    et ta corne brille en l’eau, la pure eau, ton miroir.

    Reine des orées claires.

    IV

    Que vibre d’un vin doux la houle du délice!
    Éveille-la, tremblante, et lasse d’elle, lisse.

    Le miroir où tu files est un monde mouvant.
    Son tain s’est brisé dans l’aurore des temps.

    Ta corne brille et luit
    de mille anneaux vermeils.

    Tu pointes l’océan de ta corne à ruisseaux
    et tu baises du pied l’infinitude blanche.

    Un cri de corbeau claque aux ronces des rosiers.

    Tu as vécu longtemps à l’orée de lumière.
    Tu galopais dans l’aube sans oser sommeiller
    et sans qu’aucun éveil ne réjouisse ton galbe.

    Tu veilles? Ou tu dors?

    V

    Tu veilles, incertaine, au sourire des lois.

    Les flots du temps sont ta coupole.
    Ton amour est céleste.
    Les lois, dans tes galops, tremblent, nues, de tomber.
    Garderas-tu cet or du vil de la détresse?

    Licorne, enfant sans âge enfanté dans la force.

    VI

    La poésie aigre est le fruit de la peur du souffle.
    La peur du souffle est le péché parfait.

    Je suis la vie du souffle qui dans ton oeil allume
    les poudreries d’eau claire et l’éclat des enclumes.

    Tu me raconteras ton corps de blancs bateaux
    qui voguent par milliards dans ton aube à miracles.

    Tous ces oiseaux qui t’ornent, comme nés de ton corps,
    ont des coupelles d’or à leurs becs de minerves
    et des taches d’argent comme des gouttes pures
    sur le bout de leurs ailes qui récrivent l’azur:
    il faut interroger sans fin ces métalyses.

    VII

    “Je voulais tant qu’il vienne ancrer ses vers nouveaux
    dans ma nue bénéfique, amoureuse des bois.

    “Je suis si sommeillante en son regard qui meurt
    et son amour me hante et grise ma torpeur,
    moi qui suis si parfaite aux bises du pur froid
    et dont les cuisses d’or galopent sans effroi.

    “Je rêve qu’il vient à la source bleutée,
    son chant retrouvé dans la course, pour aimer.”

    VIII

    Où donc avait coulé la barque de l’amie,
    et le rythme des mages et le charme des flots
    et l’aqueuse mouture des bruines de nos mots
    aux racines enterrées profondes et d’arbre clair,
    ces mots qui hantent l’air de leurs vagues lointaines
    et qui nous lient, émus, à l’émoi du Domaine?

    IX

    “Où donc était celui qui parlait de voix vaste?
    N’était-il donc plus chaste, l’aède au corps troublé?
    Les vents dirent au loin, d’un délire infidèle,
    ma mort et mon absence et l’amour bat de l’aile
    et la puissance blanche de ma chevauchée dense
    ne perce plus l’écorce du monstre déchaîné.

    “Son chant était puissant comme les houles mâles
    et son amour si fort dans la crue des cigales.”

    X

    J’écoutais la cigale, la cigale
    cette cigale, elle perlait partout
    et le silence éclatait dans ses bulles de houx.

    J’attouchais le fond pur du rythme.

    Le serpent du vers se dressait
    dans la verticalité parfaite des logiques.

    Par le champ des interminables diluvions du verbe,
    l’effort s’ornait d’essor et prenait,
    dans l’ordre,
    son envol pur et parfait.

    XI

    “Où donc avait figé le rythme? En quelle transe inexplorée?
    En quelle vaste déchirure s’était-il tu pour reposer?
    Dans quelles vallées infra-douces s’était-il pris d’amour indu
    pour quelque sillon de peau noire perdu dans l’antre indéfini?
    Pour quelque force bourdonnante riche en nocturnes attelages?
    Ou s’était-il noyé
    dans les tempêtes, les orages,
    les signes noirs et les présages?”

    XII

    “Ô nuit si belle qui le tient sous les volières de la dame,
    toi qui es riche de chaînons
    tout noirs de bise et de mystère,
    tout empourprée de tes hivers,
    rends-nous le chant de plénitude
    et sa rythmique d’eau profonde
    et que l’amour chargé d’aurore
    brille et bénisse
    et que la tour dont on nous mure
    tombe d’un coup de grand sabot.”

    XIII

    Et du centre de ce silence
    j’irai te voir – en toutes directions.

    1974


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  • Amitié improbable entre un ours polaire et un chien. Ils sont trop mignons. Une grande amitié naissante malgré leur différence. Il n'y a rien de plus dans la nature que ce genre de manifestation. Je vous laisse seul juge.


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  • "Les serments d'amour m'irritent, se plaignait la marguerite. Aussitôt que débute une affaire sentimentale, j'y laisse tous mes pétales."

     

    Georges Brassens)

     


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    Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve.

    Antoine de Saint-Exupéry

     


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  • Je vous présente mon perroquet Jaco, nous sommes complice depuis 1989 je suis la seule qui peut le caresser le toucher sans qu'il ne pince les doigts hihihihi. Il ne parle plus beaucoup il préfère faire des siestes et faire sa toilette quotidienne. Je l'adore il fait parti de la famille même si parfois il nous embête quand il commence a aboyer comme un chien, la c'est énervant. Il faut donner beaucoup d'attention a ce genre d'animal il n'aime pas la solitude et est très sensible.


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